Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'inespérée
L'inespérée
Publicité
Derniers commentaires
13 novembre 2009

Jenny & Jane (Deuxième partie)

12 Mars 1994
Je vais à l'anniversaire d'une amie de Patricia, Virginie, avec les jumeaux, dans une salle polyvalente à Mont Saint-Aignan. Je m'emmerde. Je m'assieds à une table isolée. Patricia et Jane arrivent et viennent discuter avec moi. Patricia s'esquive peu après. Jane me demande pourquoi je n'essaie pas de faire connaissance avec des gens. Je ne sais quoi répondre. On se dit qu'on n'a rien de commun avec ceux qui dansent sur de la techno, devant nous. Elle insiste pour que je vienne m'asseoir avec elle et ses copains. Je refuse. Elle revient me voir encore deux ou trois fois, mais je ne les connais pas. L'un d'eux vient me voir et finit par me décider. Elle me propose de fêter mon anniversaire avec moi, plutôt que tout seul. Je suis d'accord, et je lui donne mon numéro de téléphone. Elle s'en va et propose de me ramener. Non, j‘ai trop peur qu‘elle veuille que je reste avec elle, chez elle, et de ce qu’il pourrait m‘arriver de beau, et d‘un peu trop fort pour moi qui n‘ai jamais rien vécu de la sorte. Elle me serre la main, je trouve ça drôle et je lui fais la bise. Elle sourit. Elle a un très joli sourire. C'est tout son visage qui sourit.

14 Mars
Je n'ai pas vu Jane, mais je n'ai pas cessé de penser à elle, à cette soirée. Je frémis à l'idée de la revoir, j'ai trop peur qu'il arrive ce que j'aimerais tant : qu'elle soit amoureuse de moi. Mais encore une fois, l’insistance qu’elle avait pour me joindre à eux, et cette invitation à fêter mon anniversaire avec elle, c’est quand même troublant. Elle voudrait me revoir et vivre quelque chose avec moi qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Mais j’ai trop l’habitude qu’il ne m’arrive rien de ce genre pour vraiment y croire. Donc je gamberge, parce que j‘ai tous les éléments pour y croire un peu…

15 Mars
Une fille a appelé hier soir, pendant que j'étais au concert de Robben Ford. Elle n'a pas laissé de message, ni de prénom. Je suis certain que c'était Jane. Qui d'autre ? Personne d’autre n’a mon numéro, ou alors des personnes qui ne m’appellent jamais, et je le lui ai donné il y a trois jours.

17 Mars
Je la vois à 10h30. Elle me demande comment s'est finie la soirée. Oh, je me suis éclaté comme un rhinocéros ! C'est vrai que je me suis senti bien, je me disais qu'il y avait quelqu'un qui pensait à moi en même temps que je pensais à elle. Mais je me garde bien de le lui avouer. J'aurais voulu rentrer avec elle, mais je m'en savais incapable, je ressentais déjà les symptômes d'une maladie à venir : mon sang qui se glace, les turbulences secrètes de mon cœur pétrifié par la timidité... J'ai peur de mes sentiments, alors je reste bloqué. Le soir, j'attends un hypothétique coup de fil.

18 Mars
Je l'appelle : elle va chez ses parents, à Dieppe, pour le week-end : on se verra lundi à l'annexe. Elle me demande comment j'ai eu son numéro et s'étonne que je l'aie gardé. Je crois que je me suis trompé sur ses sentiments envers moi, elle semble plus distante.

21 Mars
Pas de Jane à l'annexe à 14h30. Patricia me dit qu'elle attend un ouvrier d'EDF chez elle et qu'elle l'a appelée pour que je rappelle ou passe chez elle ce soir. Je ne fais rien...

22 Mars
Aussitôt rentré, un coup de fil de Jane : elle m'invite au ciné avec des copains. On va voir " C'est arrivé près de chez vous ". Je suis assis entre elle et Maylis, une jeune mannequin sublime, dont Le Guellec m'a souvent parlé, qui est une très bonne amie à elle : elles habitent le même quartier et jouent souvent au tarot ensemble. Puis on va tous boire un pot. Elle boit de la Guinness, alors je tente aussi. On parle un peu de musique, de peinture et de cinéma. J'ai envie de l'embrasser. Elle rentre. Je lui ai proposé d'aller voir " Personne ne m'aime " demain soir. Elle ne l'a pas vu, elle est d‘accord.

23 Mars
Je la vois à la récrée. On ne parle pas. Pas même une petite bise. On décide juste d'un rendez-vous pour ce soir. Le soir, elle m'attend devant le ciné. Je ne me sens pas bien, trop d’émotions m ‘assaillent. Je sors au milieu de la séance et je vais l'attendre au bar d'en face, le « Blues ». Elle me rejoint après le film. Je me sens mieux, on discute longtemps, sérieusement ou pas sérieusement du tout. On écrit nos qualités et nos défauts respectifs sur un petit papier. Elle fume roulée sur roulée. On se découvre. On prend le temps d'écouter l'autre, de le regarder, de vivre ce moment de première intimité timide. On sort et c’est le moment de se quitter. On hésite un moment. Elle avance son visage, j'ai  l'impression qu'elle veut m'embrasser, ou qu'elle attend que je le fasse, mais j'esquive en lui faisant la bise sur la joue. Elle sourit. Je bredouille un « Pas maintenant ». Je suis pas fier de moi, pas rassuré. J’aimerais beaucoup passer la nuit avec elle, faire l’amour pour la première fois avec elle, mais je m’en sens incapable. Je fuis. Je me sens minable, mais c’est la seule chose que je puisse faire devant cet amour qui vient vers moi et me tend les bras. Je ne saurai jamais ce qu'elle voulait ce soir là...

24 Mars
J'ai 19 ans. Pour la peine, je ne vais pas en cours. Je me ballade en ville toute la journée.

25 Mars
Je la croise le matin en arrivant, mais la prof n'est pas là. Le soir, je l'appelle : rendez-vous à 21h devant l'église. Elle arrive en avance. Sur la route, elle a eu une grosse bouffée de chaleur. On va dans un bar. où j'allais souvent avec les Fabos, près mon ancienne école primaire. Elle m'offre des œufs qu'elle a peints l'autre jour en attendant le mec d'EDF, trois œufs, trois déesses, trois Magna mater : Kali, Cybèle et Rhéa. Ca me touche beaucoup qu'elle ait fait cela en pensant à moi, pour moi.

26 Mars
J'appelle ; elle reçoit du monde. Je vais seul au concert.

29 Mars
Tout le Lycée manifeste. On bloque les grandes rues. Je les retrouve, elle et Patricia. Je les suis, bêtement, en attendant comme tout le monde qu'il se passe quelque chose, sauf que moi je n'ose même pas lui murmurer un mot à l'oreille, je ne manifeste aucun désir, je ne revendique même pas mon amour aux yeux du monde. Le soir, elle appelle pour savoir si je vais au ciné avec elle. Non, mais je veux la voir, je propose un pot au « Blues ». Elle accepte. Elle y est avant moi. On y passe toute la soirée. Elle ne va même pas voir son film. Elle est très forte et arrive presque à me faire avouer mes sentiments. Mais je ne dis rien clairement car je doute de plus en plus de son intérêt pour moi. J'ai peur de sa réaction si je lui avouais soudain que je l'aime, j'ai peur de tout détruire, de mettre fin aux plus beaux jours de ma vie, qui commence. Je préfère attendre, savoir un peu mieux ce qu'elle ressent, ce que je suis réellement pour elle, si je me fais des films ou si réellement elle veut me laisser le droit de l'aimer.

Moi : - Qui je suis pour toi ?
- Quelqu'un de différent. On ne croise pas des Kali partout dans la rue ! Et moi, qui suis-je pour toi ?
- La personne qui compte le plus pour moi.
   
Elle : - Qu'est-ce qui te satisferait ?
- Toi, qu'est-ce qui te satisferait ?
- La même chose que toi...
   
Moi : - Je voulais t'avouer quelque chose, mais je ne peux plus.
- Je te demanderai à chaque fois ce que c'était.
- Je te demanderai à chaque fois si tu as deviné...
- Oui...

Moi : - Je change quelque chose pour toi ?
Elle a du répondre oui.
- Toi, tu changes tout pour moi...
- Mais j'ai rien fait ! Enfin... un peu quand même.

J'ai tenté de le lui avouer discrètement, quand je croyais encore à une réciprocité, par des sous-entendus, qui étaient la plupart du temps implicitement partagés et entretenus tout au long de la discussion pour exprimer ce que je croyais être notre sentiment commun, car il l'avait été, j‘en suis persuadé. Mais elle semble avoir de plus en plus de mal à l'accepter, elle m'agresse à chaque tentative de ma part pour se voir. Je ne crois pas que ce soit, comme pour moi, une peur d'aimer. Elle refuse de croire ce que je ressens pour elle et veut me mettre en situation périlleuse pour mieux supporter la sienne. Elle veut que ce soit moi qui agisse. Elle n'aime pas se sentir dominée, ne serait-ce que parce que je l'aime plus qu'elle ne m'aime.

30 Mars
L'après-midi, je vais chez elle, comme elle me l'a proposé hier, en se quittant. Il fait beau, le soleil inonde la salle par la fenêtre ouverte. On reste tout l'après-midi à parler, sur le canapé. Encore une fois, j'ai l'impression qu'on ressent la même chose, les mêmes sentiments l’un envers l'autre. J'essaie de lui signifier, de me montrer plus explicite, mais c'est à ce moment qu'elle change d'attitude et semble me reprocher de vouloir l'aimer. Je ne sais plus quoi faire. Elle me raconte un rêve qu’elle a fait. Elle était avec moi, dans un bar. Elle revenait des toilettes, où des punks l’avaient accostée, et elle se retrouvait devant plusieurs couples de jumeaux. Moi-même, je lui présentais mon frère jumeau, mais en fait, elle se rendait compte que c’est lui qui me présentait, moi… Son ex et des copains à eux arrivent. Il me demande si je suis son nouveau mec et elle lui répond aussitôt : "Non !". Je finis par me sentir de trop et m'en vais au bout d'une demi-heure de silence insupportable, sans un regard ou un signe de sa part.

31 Mars
Manif'- Je ne la vois pas. J'aimerais être avec elle, qu'elle m'aime et qu'on s'aime enfin.

1er Avril
Je l'appelle. Elle va chez ses parents, à Dieppe, pour le week-end. Je suis dégoûté. C'est bien parce que je ne connais pas la fin de l'histoire que je me permets d'espérer encore. Je me dis que je vais la revoir, vivre d'autres beaux moments avec elle et qu'elle va peut-être m'aimer. Je suis amoureux d'elle, mais j'ai de plus en plus l'impression qu'elle a changé d'avis à mon sujet, qu'elle était attirée, et que désormais elle préfère me considérer comme un bon ami qu'elle finira par rejeter complètement si je continue à lui montrer que je l'aime.

3 Avril
J’ai attendu tout le week-end que le téléphone sonne. En vain. Je ne l’intéresse plus, je ne l’amuse plus. J’aimerais tant la revoir, ne serait-ce qu’un instant. Je repense à l’erreur que j’ai commise : sur la première page du livre que je lui ai offert, « Obsession blanche » de Valérie Valère, j’ai écrit « Pour Jane, mon obsession ». C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience qu’elle ne ressentait peut-être rien pour moi, et que toutes mes illusions seraient à jamais illusions. Je me console en repensant à tous ces moments précieux passés avec elle. Je me sens bien à l’aimer. C’est comme un but, qui m’aide à vivre, qui me pousse. Même si on se voit peu ces derniers jours, je me sens à l’aise. Je n’ai plus cette angoisse qui me tenaillait quand je ne pensais à personne en particulier. Elle est toujours présente à mon esprit, et il me semble que j’agis comme si elle était là, à mes côtés. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Il faut que je sois à la hauteur. Ainsi, à chaque instant, je me sens vraiment vivant. Mais je ne dois pas trop en demander. J’aimerais juste revivre quelques beaux moments avec elle. Je dois tout prendre les choses comme elles viennent, et les savourer lentement, en rêvant, comme toujours.

5 Avril
Je n’ai pas le courage de la rappeler. J’ai peur de me sentir rejeté. Mais si elle n’appelle pas ce soir, c’est qu’elle a d’autres pensées à mon égard, que j’ai changé à ses yeux. Demain, ça fera une semaine que je ne l’ai pas vue . Il faut absolument que je la revoie. Je ne suis pas rassuré du tout. Elle m’obsède.

6 Avril
Je rêve que ma mère me réveille en criant dans l’escalier « C’est Jane au téléphone ! », mais ce n’est qu’un rêve. Dans un demi-sommeil, Jane est avec moi, et elle m’aime. Puis, je revis des moments passés avec elle. Elle m’écoute, elle me parle, elle est belle. Je me sens bien.

7 Avril
Je ne l'ai pas vue depuis une semaine. Je suis hanté par son image. J’ai peur à chaque instant de la croiser avec un autre. Je me rends compte que je la cherche, où que j’aille. Mathieu m’apprend qu’il vient de la croiser place cauchoise vers 13h30. Je suis sorti de mon cours de guitare à 13h45, et j’ai hésité à aller déposer ma lettre chez elle. Elle est chez elle, et moi au bar, à me demander ce qu’il va m’arriver. Le seul bonheur serait d’être avec elle, et je me fais chier en attendant de la revoir. Je suis un médiocre. Je sais pourquoi je ne l’intéresse plus. Je devrais aller chez elle en prétextant de lui apporter ma lettre, mais je suis faible, et j’ai peur de sa réaction. Ma peur est plus grande que mon désir d’être avec elle, imaginez un peu…
Le soir, je l'appelle : ce soir, elle fait un tarot avec des copines, mais elle me donne rendez-vous pour demain à 20h au Square Verdrel.

8 Avril
Le matin, je la vois dans la cour. Elle semble intimidée. C'est la première fois que je la vois au Lycée. Elle est superbe et vient me faire la bise. Petit bonheur. Je me sens mieux. J’ai oublié de lui donner ma lettre. J’aurais bien aimé qu’elle la lise avant qu’on ne se voit ce soir, qu‘elle y pense un peu, qu‘une petite partie de moi hante un coin de son esprit. Je suis égoïste, j’aimerais qu’elle pense à moi comme je pense à elle. Le soir, je vais au rendez-vous, mais elle ne vient pas. Je déprime sous la pluie. Je ne sais pas quoi faire : sonner chez elle ? Aller boire un pot tout seul dans le bar le plus proche ? J'opte pour la première solution. Personne. Je me résous à exécuter la deuxième, avant de rentrer dépité. Des milliers de questions me taraudent. Je repense aux soirées passées ensemble, à ce qu’elle m’a dit, à son comportement avec moi, ses sourires, et je ne comprends rien…

9 Avril
Je l'appelle : un mec l'a retardée hier soir. J’aurais dû attendre, quel con je fais. Elle m'invite à passer la soirée avec elle et ses copines, à la Taverne. J'accepte. Je n'aurais pas dû. Je suis le premier arrivé. Puis Greg, Ludovic et Aurélia, et une heure après, Patricia, Virginie, Hélène, et Jane. Je suis de l’autre côté de la table. Elle ne me parle pas de la soirée, ne m'adresse pas un seul regard, m'évite du mieux qu'elle peut. Comme si l'on ne s'était jamais vus. Je suis de trop, c'est évident. J’en ai marre, je me tire. J’ai l’impression qu’elle se montre ignoble avec moi depuis le Mercredi passé chez elle. Il faudrait qu’on se retrouve tous les deux. Mais là, avec ses copines et ses amis, elle se réfugie et me rejette d’emblée. J’aurais dû l’attendre plus longtemps Vendredi soir… J’en ai marre de tout. J’ai envie d’en finir. C’est horrible d’être amoureux, et qu’un autre sentiment aussi violent prenne le dessus au point de tout déformer, et sans que je puisse rien expliquer des raisons de l‘autre, qu‘on puisse en parler une seconde.

10 Avril
J'ai rêvé d'elle mais elle ne m'aimait pas davantage que dans la réalité. Pourquoi est-elle venue vers moi ? Maintenant que je suis amoureux d'elle, elle fait comme si de rien n’était ! C’est mon plus beau rêve, et en même temps mon pire cauchemar.

12 Avril
Je l'appelle : elle accepte qu’on se voit demain. Mais elle n’a pas l’air plus emballée que cela. Il faut que je laisse cette histoire de côté, que je la laisse la mener comme bon lui semble. Mais que fais-je d’autre depuis le début finalement ? Ce qu’elle n’a pas compris, c’est que désormais je ne vis que pour elle. Mais je l’ai déçue. Quelque chose lui a fait changer d’avis. J’ai fait quelque chose que je n’aurais pas dû, je m’y suis mal pris, en acte ou en parole, et elle est intransigeante. Ces deux dernières semaines, j’avais besoin d’elle, et elle n’a pas répondu à cet appel. Il faut que je l’oublie, et que je reprenne une vie normale, sans elle, sans son visage qui me hante. Car elle, de son côté, elle se fiche pas mal de moi.

13 Avril
Elle m’avait demandé de la rappeler ce soir pour savoir si elle aurait fini son travail. C’est son ex qui répond, et m’apprend qu’elle n’est pas là.

14 Avril
Je ne rappelle pas, qu’elle aille se faire foutre. Je l’aime trop. Et je me hais, car je ne correspond pas à ce qu’elle espérait.

15 Avril
Je suis dans un bar. Patricia et Jane passent devant. Je suis obligé de sortir lui dire bonjour. Mais non, elle n'en a vraiment rien à foutre de ma gueule, ce qui semble bien étonner son amie.
Le soir, il y a un concert à la Tonne, près du Lycée. On y va avec les jumeaux. Patricia et Stéphanie sont là, on s’assied avec elles. Patricia veut appeler Jane, me demande son numéro et ne semble cette fois pas étonnée que je le connaisse par cœur. Au bout d’une heure, elle arrive. Elle s’assied à côté de moi et parle avec Patricia. Elle était à une soirée. Je ne la regarde pas, j’écoute, je ne lui parle pas. Elle non plus. Je la regarde se rouler des clopes, battre nerveusement le genoux.  J’aimerais savoir ce qui se passe dans sa tête, ce qu’elle attend de moi. Mais le mot rien me vient à l’esprit et me dégoûte plus qu’autre chose. Le vide, je connais. Et pourtant, pendant plus d’une heure, assise juste à côté de moi, il y avait la fille que j’aime. Moi qui pensais naïvement qu’elle serait celle qui voudrait me faire le moins de mal possible…

17 Avril
Je ne pense pas du tout, mais alors pas du tout à elle.

20 Avril
Dire que là, tout de suite, comme depuis un mois, je suis en train de rater tous les moments que je pourrais vivre avec elle !

22 Avril
Patricia fait une soirée chez elle. Je voulais absolument y aller, mais je n’ai pas de moyen de m’y rendre. Je vais donc à une autre soirée, en pensant à elle à chaque seconde et en me disant que de toute façon elle ne m’aurait pas adressé la parole.

26 Avril
Je fais une soirée chez moi. Patricia me dit au téléphone qu’elle l’appellera et passera la prendre si elle vient. Puis, chez moi, elle me dit qu’elle aurait voulu venir mais était trop fatiguée. Bien sûr…

30 Avril
Gilles fait une soirée chez lui, et me dit qu’elle sera là. Finalement, elle n’est pas venue, et j’en arrive à me dire que c’était sans doute mieux comme ça

2 Mai
Je la vois passer devant moi sans me voir. Je suis écoeuré.

3 Mai
Je me souviens lui avoir dit que dès que je la quittais mon seul désir était de la retrouver. Ca l’avait troublée. Je me souviens aussi qu’elle m’avait confié me suivre parfois, dans les couloirs du Lycée.

4 Mai
Je passe devant chez elle et je me dis qu'elle était amoureuse de moi, et que les rôles ont été inversés à partir du moment où on a commencé à se connaître un peu. Pourtant, à part lui montrer que j'étais plutôt attiré moi aussi, ce qui aurait du lui plaire, elle s'est mise soudain à me fuir... Je crois que je n'aurai jamais d'explications de sa part, si elle en a.

6 Mai
Rêve : Je suis dans la rue et j’aperçois Jane avec des mecs. Elle me voit, mais son regard est froid.

10 Mai
Je la croise en allant en cours : elle va prendre un pot avec Patricia. Comme de toute façon elle semble plus embarrassée que contente de me voir, je fais semblant d'être pressé.

12 Mai
Je tente le tout pour le tout : je l'appelle. On se voit peut-être demain soir.

13 Mai
J'appelle : personne. Bon, on va dire que les choses sont claires...

18 Mai
Rêve : Le quartier en dessous du lycée a brûlé. Tout est calciné, et on doit emprunter un chemin fléché dans les ruines noircies pour aller d’un bout à l’autre. Un autre rêve, où je suis avec Jane, en ville. Il fait beau, et elle m’aime. C’est malin…

20 Mai
« L 'Age d'Or »

Là, je dors.
Je ne veux plus suivre mes sens.
Juste le sang qui coule, écouter
Ce qui me tient debout

La fontaine des veines
N’apporte plus ses fruits
Comme si une ombre
En travers de ma gorge
Condamnait les issues

Pourtant, c’est elle qui m’alimente
C’est grâce à ce nœud qui me tire
Que j’ai conscience que je respire
Et qu’un jour meilleur s’invente

Là, je dors, sans doute.
C’est toi qui me poursuis
Qui me nuit, nuit et jour
Tout en moi te donne vie
Toi, le rêve dans le rêve
Tu te ressembles presque

Car nos vies sont liées
Par hasard, par le sang
Je suis derrière ton miroir
Toi, au cœur de mon corps
Entremêlés

Là, je dors encore.
C’est moi qui t’admire dans le noir
Quand tu te trouves belle et désirable
Je te sens jusqu’au bout de mes doigts
Mes lèvres n’en peuvent plus de te boire

Et c’est là que tu entends ma voix
Dans le tumulte du silence
Tu romps la chaîne de soie
Qui m’attachait à ton absence
Alors, je ne dors plus
Et je te trouve encore plus belle
Depuis que tu ne m’as pas rencontré

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité