De la vanité des choses
Jusqu'alors, j'ai vécu pour deux choses fondamentales : l'Amour et l'Art. Les éventuels sentiments partagés avec une fille, et mes velléités artistiques, mon envie de créer. Mes rêves d'enfance quoi... qui sont d'ailleurs intimement liés. Une sorte de besoin de poésie dans ma vie et dans ma tête. De reconnaissance narcissique aussi, je ne sais pourquoi. Deux concepts indéfinis auxquels j'ai consacré toute mon énergie, et que j'ai sacrifié au dépens de tout le reste.
Or il se trouve que je ne peux concrétiser aucun de ces deux désirs, et que je devrais repenser mon existence sur de nouveaux critères, ce qui m'est totalement impossible. Je suis privé de vie privée. Je sais depuis des mois que je ne peux plus vivre d'histoire d'amour, et j'apprends à relativiser toujours davantage, jusqu'à l'absurde, cette carence qui me hante. Et je dois bien me résoudre à une autre évidence : je n'arrive plus à créer depuis des années. Pire, e n'en ressens plus la vitale nécessité comme avant. Je me retrouve donc devant le vide de mon existence, plus flagrant chaque jour.
L'Inespérée, c'est peut-être la motivation, une forme d'espérance, une ressource en moi encore enfouie, qui tarde à se révéler, plutôt qu'une personne de sexe opposée, qui de toute façon ne viendra jamais. Inutile de lutter contre et pour ce qui n'est qu'un fantasme et un besoin égoïste de mon petit coeur solitaire, de mon égocentrisme. Tâcher plutôt de trouver le courage de vivre seul, et de persister à croire que je pourrai un jour faire un petit quelque chose de ma vie, de mes quelques aptitudes.
Oublier l'Inespérée, donc.
Pas l'amour de la femme et des femmes.
Mais dépasser l'attente désespérée de celle qui n'existe pas et n'existera jamais.
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